Les difficultés de l’intermittence

Les 7 difficultés de l’intermittence : entre précarité et passion

Les difficultés de l’intermittence, tu les connais peut-être déjà si tu travailles dans le spectacle ou si tu t’y intéresses. Être intermittent du spectacle, ce n’est pas qu’un régime, c’est un mode de vie rempli de passion, mais aussi de challenges. Derrière les coulisses des concerts et des festivals, il y a une réalité bien moins glamour : une précarité constante, des imprévus fréquents, et une lutte permanente pour trouver une stabilité.

Ce régime, si particulier et pourtant si essentiel au monde du spectacle, s’accompagne de son lot de problèmes. Entre les annulations de dernière minute, des délais de paiement interminables, un emploi du temps imprévisible, et des démarches administratives complexes, la vie d’un intermittent n’est jamais un long fleuve tranquille.

Dans cet article, je te propose de plonger dans la vie d’un intermittent, pour mieux comprendre ses réalités. Qu’il s’agisse de précarité financière, de pression mentale, ou encore des conditions de travail inégales, je vais te présenter les défis qui t’attendent si tu choisis ce statut. 

Tu cherche plutôt des informations détaillées sur le fonctionnement de l’intermittence ? Fonce lire mon article : l’intermittence, comment ça marche ?

Allez, on commence !

La précarité de l’emploi

Ce n’est un mystère pour personne, le régime de l’intermittence est par définition précaire en termes d’emploi. Contrairement à un travail classique en CDI ou CDD, l’intermittence repose sur des contrats courts. Ils sont toujours liés à des projets spécifiques, et la durée d’engagement peut aller de quelques heures à plusieurs mois.

Il est donc rare de cumuler suffisamment d’heures en une poignée de contrats pour prétendre à l’intermittence. Un artiste devra réaliser 43 cachets et un technicien entre 40 et 60 contrats différents, en fonction du nombre d’heures déclarées.

Si tu choisis de devenir intermittent, tu seras donc constamment en recherche de travail afin de remplir au mieux ton emploi du temps. L’intensité du travail pouvant être saisonnière, il faut aussi anticiper les périodes plus creuses. Certains mois tu réalisera peut être 150h alors que d’autre tu n’en aura qu’une dizaine. Être confiant lors de ces périodes est essentiel pour ne pas stresser inutilement… mais je ne dit pas que c’est facile ! 

Planning chaotique et imprévus

Ce qui n’aide pas vis à vis du stress, c’est l’aspect chaotique de l’emploi du temps. Entre les plans de dernière minute ou les employeurs annulant au dernier moment, il faut savoir être flexible.

Tu n’es jamais sûr à 100% du travail que tu auras dans les jours à venir. Et si tu aimes avoir une routine bien établie, j’ai bien peur que le statut d’intermittent ne soit pas adapté…

A mon sens, l’emploi du temps est l’une des plus grandes difficultés de l’intermittence car elle va interférer directement avec ta vie personnelle : Tu avais prévu un petit dîner avec ton/ta chéri(e) ? Dommage, il y a le théâtre du coin qui recherche quelqu’un en urgence car un collègue est malade… tu vas pas cracher sur 12h de boulot hein ? Et bien non, surtout si c’est ta première année.

Mais ne t’en fait pas, avec le temps, tu obtiendras suffisamment d’assurance sur ton travail et tes heures pour refuser les contrats qui ne te conviennent pas. Personnellement, c’est au bout de ma troisième année que j’ai pu sereinement refuser des plans, sans crainte pour mon statut.

Conditions de travail inégal et pression psychiques

Dans l’intermittence les conditions de travail peuvent varier du tout au tout d’un employeur à un autre.

Sur le terrain, ces disparités se ressentent fortement. Certains employeurs mettent un point d’honneur à respecter les horaires, à fournir du matériel en bon état et à garantir un bon cadre de travail. Mais ce n’est pas toujours le cas. Les conditions précaires ne sont jamais loin : équipements défectueux, lieux inadaptés, ou encore horaires interminables (payés pour 8h, évidemment…).

Et c’est là qu’on voit une des difficultés récurrent de l’intermittence apparaître : tu es un salarié dépendant de ces entreprises, sans la sécurité d’un CDI. Certes tu as plusieurs employeurs, mais rarement plus d’une dizaine. La plupart des intermittents travaillent même plutôt avec 4 ou 5 entreprises.

Et puisque ton intermittence dépend d’eux, il est souvent délicat de t’y opposer sans risquer de perdre ta place… et donc de mettre en péril ton statut et tes revenus. Car une fois ton contrat terminé, ils n’ont plus d’obligation envers toi. Dans les faits, rien ne les empêche d’embaucher quelqu’un d’autre si tu es perçu comme trop revendicatif. Heureusement, la plupart sont tout de même ouverts à la discussion. 

Pour te protéger, il est essentiel de connaître tes droits et de ne pas hésiter à les faire valoir, même si ce n’est pas toujours facile. Un bon début est déjà d’en parler avec tes collègues. Si vous partagez les mêmes difficultés, vous pouvez en parler ensemble à l’employeur pour éviter les représailles individuelles.

Parfois, ils ne se rendent même pas compte des problèmes. Un échange collectif, posé, peut suffire à faire évoluer les choses.

Et si le dialogue est impossible, il reste la solution à long terme : privilégier les employeurs respectueux. En t’entourant progressivement de partenaires de confiance, tu peux t’éloigner de ceux qui nuisent à ta santé ou à ta stabilité.

Frais et déplacements fréquents

Pouvoir se déplacer est devenu un impératif dans le monde du spectacle. Et à moins de vivre dans une grande ville, il ne faut pas avoir peur de rouler à plus d’une heure de route pour trouver du travail.

Le problème, c’est qu’assez peu de lieux ou prestataires défraient correctement les kilomètres, les repas ou le logement. Tes déplacements peuvent donc assez vite creuser ton budget. Et là où tu penses avoir fait un bon mois, tu te rends compte que tout est parti dans les frais professionnels. Ce qui représente une vrai difficultés lorsque tu veut vivre de l’intermittence.

C’est d’ailleurs une question essentielle à poser à tout nouvel employeur : quelles sont ses conditions de défraiement ? Il faut mieux demander dès le départ, et même le confirmer avec vos collègues sur les événements.
Certains employeurs ne sont pas très transparents sur le sujet et se gardent bien de défrayer les intermittents qui n’en font pas la demande. 

Mais il y a tout de même une bonne nouvelle, c’est que tous ces frais non remboursés sont déductibles des impôts. Aussi bien les repas, le logement et tous les kilomètres. C’est toujours ça de pris lorsque tu n’es pas défrayé.

L’instabilité financière 

Une des plus grandes inquiétudes et difficultés liées à l’intermittence est l’instabilité financière. Les salaires varient d’un mois à l’autre, dépendant de la quantité de travail que tu as effectué. Et même si les indemnités chômage complètent le déficit, il peut y avoir de beaux écarts. 

Il n’est pas rare de passer d’un mois très chargé avec plusieurs projets à un mois beaucoup plus calme, où les rentrées d’argent se font rares. Cette variabilité rend difficile la gestion d’un budget, surtout lorsqu’il faut prévoir les périodes creuses.

Ce que je te conseille, c’est de prévoir ton budget à partir du revenu le plus bas que tu puisses avoir, c’est-à-dire un mois juste avec tes allocations. Si tu as ce montant en référence pour tes dépenses mensuelles, tu ne risqueras pas d’être dans le rouge. Et tout le surplus sera du bonus pour les coups durs, les investissements, les vacances ou les loisirs.

La complexité administrative

A cela s’ajoute la complexité administrative. On parle d’un côté des problèmes liés à certains employeurs : Les délais de paiement sont parfois très longs, plus de 30 jours, ce qui complique encore davantage la gestion quotidienne. Car il faut en plus souvent avancer des frais liés au travail (déplacement, logement, repas), en espérant être remboursé rapidement.

A cela s’ajoutent les échanges avec France Travail. Le régime de l’intermittence est quelque chose qui fait souvent peur au nouveau arrivant dans le métier. Tu dois déclarer tes heures, suivre tes fiches de paie et t’assurer que tout soit bien transmis. L’erreur vient parfois de tes employeurs, qui ne transmettent pas les bons documents, il faut donc aller leurs courir après…

Mais pourtant, une fois compris, le fait de s’actualiser tous les mois, de faire des demandes pour les congés ou pour des formations sont des choses moins complexes qu’il n’y paraît.

Et même si les dialogues avec France travail ne sont pas toujours évident, la gestion mensuel, elle, repose principalement sur un bon suivi de ton planning. Si tu gère correctement celui-ci, l’actualisation ne représente pas une grande difficultés dans l’intermittence.

Fatigue, stress et risques physiques

Dans le spectacle, la fatigue et le stress font partie du quotidien. Les horaires irréguliers, les longues journées et les nuits courtes sont un lot assez courant. Entre le montage, les répétitions, et la représentation, il n’est pas rare d’enchaîner de longues journées sans véritable pause. Et ce rythme peut finir par peser sur la santé, tant physique que mentale. Prendre des pauses pour souffler et relâcher la pression est alors salvateur. En plus, cela renforce la cohésion d’équipe en partageant des moments de détente.

Le stress est également omniprésent. Entre les délais serrés, les exigences de la production et la bonne tenue de la représentation, il y a de quoi faire. Et cela demande une concentration et une énergie énormes. Cela laisse peu de place aux imprévus, et chaque problème technique ou retard peut devenir une source d’angoisse.

À cela s’ajoutent les risques physiques, particulièrement pour les techniciens. On manipule du matériel lourd, on grimpe sur des structures, on s’expose à de forts volumes sonores… Et les employeurs n’appliquent pas toujours à la lettre les normes de sécurité.

C’est pourquoi il est important de porter des EPI, afin d’être en sécurité et de te protéger en cas d’accident. Et ce n’est pas un luxe : crois moi, mes orteils me remercient encore d’avoir investi dans de bonnes chaussures de sécurité !

Tous les petits gestes que tu pourras faire pour t’éviter du stress et de la fatigue inutile t’aideront aussi dans la durée. Cela n’a l’air de rien sur le moment, mais c’est le cumul de toutes ces petites choses qui fera la différence pour prolonger ta carrière dans les métiers du spectacle.

Conclusion

L’intermittence du spectacle est un univers unique, à la croisée de la passion et des défis quotidiens. Certes, les difficultés de l’intermittence peuvent sembler décourageantes : précarité, instabilité financière, pression mentale et physique, démarches administratives complexes… Mais ce mode de vie, aussi exigeant soit-il, est souvent choisi par amour pour l’art, la musique, le théâtre, ou l’événementiel.

Car au-delà de ces défis, l’intermittence offre aussi de nombreuses récompenses. Une liberté dans le choix de tes projets, des expériences variées et enrichissantes, des rencontres humaines et artistiques inoubliables, et le privilège de contribuer à des œuvres qui marquent le public. Ces aspects positifs sont tout autant au cœur de cette aventure que ses difficultés.

Si tu veux en savoir plus sur les avantages de l’intermittence, je t’invite à lire mon article dédié : « Les 5 avantages de l’intermittence du spectacle ». Parce qu’au-delà des contraintes, ces métiers restent une passion qui mérite d’être vécue pleinement.

Alors, prêt à relever le défi, et à savourer tout ce que l’intermittence peut t’apporter ?

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Bonjour, je suis Thomas Oberson-Ricot, régisseur son et lumière depuis 2017. Je suis un passionné du monde du spectacle vivant et je m’intéresse à toutes les techniques et technologies mises en place sur scène. Et ce savoir, je souhaite également le transmettre. Mon blog est là pour permettre à tous ceux désirant se lancer dans cet univers d’acquérir les bases nécessaires à ces métiers de l’ombre. tu y découvriras aussi des sujets concernant la vie autour de ces métiers. Qui, pour moi, sont avant tout profondément humains ! Bonne visite à toi !

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