retour de scène en devant de scène

Comment utiliser des retours de scène ?

On ne s’en rend pas toujours compte lors d’un spectacle, mais l’acoustique sur scène est très différente de celle ressentie par le public. Et elle se montre vitale afin de ne pas compromettre la prestation des artistes. Sur scène, les musiciens et chanteurs sont gênés par l’ensemble des sources sonores. Arrivant à différents volumes, de manière éparses et décalées. Pour les comédiens ou conférenciers, la réverbération et l’écho de leur voix dans la salle peut se montrer très perturbants. C’est pourquoi, afin de remédier à ces problèmes, on utilise des retours de scène. Ceux-ci permettent à chaque artiste d’écouter ce qu’il désire.

Un peu d’histoire !

Le premier haut-parleur fut créé en 1877 par Ernst Werner von Siemens… Mais sans amplifications… Il faut attendre 1924 pour que Chester Williams Rice et Edward W. Kellog, de la General Electric, dépose un premier brevet sur un système d’amplification à bobine mobile. Malgré cela, il faudra attendre encore de nombreuses années pour que les systèmes de sonorisations soient assez puissant pour nécessiter la création des retours de scène.

Jusqu’en 1960, les musiciens devaient se servir de l’amplificateur de leur propre instrument pour sonoriser la salle et s’entendre jouer. Les chanteurs étaient bien souvent à la merci de ces multiples sources et du retour de salle qui incluait un fort décalage. Rester en rythme devenait alors rapidement un enfer. Il va sans dire que les concerts s’en retrouvaient médiocre. C’est notamment une des raisons qui ont poussé les Beatles à cesser de tourner. Le public était trop nombreux pour les entendre et il ne s’entendait pas eux même.

C’est en 1961 qu’on trouve une trace de la première utilisation de retour de scène. Il s’agissait d’une représentation de Judy Garland à l’Auditorium Civic de San Francisco. L’entreprise McCune sound service propose alors une solution novatrice. Utiliser deux enceintes installées de chaque côté de la scène, diffusant le même mix que la diffusion principale.

La seconde avancé majeur eu lieu en 1969. Bill Hanley, pionnier des systèmes sonores de Woodstock, présenta le concept d’un haut-parleur installé sur le plancher de la scène. pouvant être installé au pied des artistes, il permettait plus de puissance sonores et provoquait moins de larsen. Une idée née quand il travaillait avec Neil Young et Buffalo Springfield. Le premier “Wedge” était né ! 

Ses caractéristiques techniques

Aujourd’hui, les retours de scène ont fait beaucoup de progrès. Ils sont particulièrement étudiés pour apporter une réponse équilibrée sur les courbes de fréquence et peu de larsen. En audio professionnel, nous retrouvons donc des enceintes spécifiquement conçues pour cette fonction. La plupart sont tout de même adaptables pour servir de petits systèmes de diffusion ou de complément à un système plus important. Les retours de scène se différencient par les différents points suivants.

Active ou passive

La différence entre une enceinte active et passive est simple. L’enceinte active embarque directement son système d’amplification, lui permettant d’être autonome. Il suffit de lui apporter une alimentation électrique et le signale directement via un câble XLR. Les réglages se font alors directement sur un panneau à l’arrière de l’enceinte.

Mais sur une scène professionnelle, ce sont les enceintes passives que l’on retrouve le plus souvent. Celles-ci sont reliées à un amplificateur séparé via un câble speakon. C’est lui qui reçoit le signal via un XLR et va ensuite l’amplifier pour l’envoyer au retour. Les avantages sont alors multiples : les amplis offrent plus de paramètres de réglages, les retours sont plus légers à transporter et il nécessite moins de câbles sur le plateau.

Attention également à ne pas confondre avec le filtrage actif et passif proposé par certains retours. le filtrage correspond à la séparation des graves, mediums et aigus pour les diriger vers des haut-parleurs dédié. quand il est passif, c’est dans l’enceinte que le filtrage s’effectue. Quand il est actif, c’est l’amplificateur qui filtre les fréquences. L’actif est souvent de meilleure qualité que le passif, mais il nécessite d’utiliser une sortie supplémentaire de l’ampli.

La puissance et la taille

La puissance des retours de scène est bien souvent en adéquation avec leurs tailles. Un plus grand haut-parleur nécessitant tout simplement plus de puissance pour être stimulé. Les retours professionnels étant tous étudiés pour la scène. On se concentre plus généralement sur sa taille pour les différencier. Les noms des enceintes en sont le parfait exemple puisque de nombreux fabricants utilisent la taille du haut-parleur pour les différencier (Par exemple, chez L-acoustics : 8XT, 10XT, 12XT…) On cherche avant tout à utiliser un format d’enceinte en adéquation avec l’utilisation que l’on en fait. Trop petit, elle manquera de puissance, trop grande, elle perdra en précision.

Mais les régisseurs son étant couramment obligé de faire des compromis, il faut tout même garder en tête que “qui peut le plus, peut le moins”…

En termes de puissance, on retrouvera des enceintes de retour allant de 200 à 1000 W. Leurs tailles sont, elle, exprimée en pouces. Elle correspond au diamètre du haut-parleur principal. On retrouvera le plus souvent des enceintes de 8, 10, 12, ou 15 pouces.

Plusieurs hauts parleurs

Afin de retranscrire une bande passante complète, les retours sont en réalité composés de plusieurs HP. On en retrouve majoritairement deux. D’abord le haut-parleur principal qui permet de retransmettre les basses fréquences et médium. Puis un pavillon plus petit pour les hauts médiums et aigus. Il est important de noter que chez de nombreux fabricants professionnels, celui-ci est orientable en fonction de la position du retour.

Comment utiliser des retours sur scène 

Pour utiliser correctement un retour sur scène, il est important d’identifier les besoins. On ne placera pas une enceinte en bain de pied sur une pièce de théâtre. Et au contraire, lors d’un concert, ne pas en mettre risque de vous attirer les foudres des musiciens. Vous trouverez ces renseignements sur les fiches techniques des groupes et compagnies. Mais s’il n’en existe pas, il faudra faire les choix soi-même. Si certaines des décisions tombent sous le sens, il est important de discuter avec les artistes de leurs besoins. Car c’est leur confort de jeu qui sera impacté au final.

wedge ou bain de pied

retour de scène positionné en wedge

Sur un retour, l’arrière du caisson est coupé de manière asymétrique. Posé au sol, cela lui donne un angle permettant au son d’être dirigé vers l’artiste. On appelle alors cette position wedge ou en bain de pied. Ce positionnement permet une proximité de l’artiste avec son retour de scène sans déranger son jeu et la visibilité du public. Il a également l’avantage de provoquer très peu de larsen avec les micros cardioïdes et super-cardioïdes régulièrement utilisé sur scène.

Le placement en wedge sera donc principalement utiliser sur des concerts ou lors de conférence. Mais pas systématiquement. Il faut tout de même prendre en compte le désavantage de cette position : le retour est très directif. Cela est parfait lorsque les artistes bougent peu et que l’on dispose d’un retour par musicien. Mais si par exemple des déplacements important sont nécessaires sur scène ou que les artistes sont trop nombreux. Il faudra multiplier les wedge pour élargir la zone d’écoute ou proposer des side fill en complément.

Les side fill

Les side fill consiste à placer une enceinte de chaque côté de la scène, dirigé vers le plateau. Ils sont alors placés empilés sur des Fly case ou installé sur des pieds à l’aide d’une ouverture sur le bas du caisson. Certains proposent plusieurs trous permettant différentes inclinaisons au retour. Pour les plus grands plateaux, ce montage peut être répété à différents niveaux de la scène. Cette position a l’avantage d’homogénéiser le son du plateau, et de le distribuer à un plus grand nombre d’artistes. On peut également cacher les sources en coulisses, chose idéal pour les pièces de théâtre, spectacle de dance, one-man-show, etc. Par contre, cela ne permet pas de personnaliser son mix individuellement, il sera le même pour tous. 

Les retours suspendu

Il s’agit d’une méthode très similaire au side fill. Le but est également d’offrir un son homogène sur le plateau. La particularité est qu’ici les retours sont suspendus à l’aide d’un système d’accroche. Cette méthode est assez peu utilisée, car elle est plus compliquée et longue à mettre en place. Mais elle a l’avantage de libérer de l’espace au plateau. Elle est parfois nécessaire en cas de plateau trop petit ou encore de demande spécifique d’un spectacle.

Les ears monitors

L’une des dernières innovations majeures en termes de retours de scène a été la création des ears monitors. Littéralement “retour d’oreilles”, il s’agit d’un dispositif d’écoute intra-auriculaire. Ils permettent de retransmettre un mix de retour reçu via un récepteur HF. Ils offrent donc un mix personnalisé, sans restreindre la zone de jeu. Et en prime, ils isolent des sons extérieurs, ce qui aide à se concentrer sur son jeu.

Mais cette solution, qui peut paraître comme la meilleure, à de nombreux prérequis. Les ears doivent parfaitement isoler l’oreille. Il faut alors qu’ils soient de très bonne qualité. Pour cela, ils sont très souvent moulés aux oreilles de l’artiste. Les rendant uniques pour chaque personne. Des ears qui n’isole pas correctement de l’extérieur provoque un effet très désagréable de “fuite”. Le système de transmission se doit quant à lui d’être de qualité professionnelle. Un couple émetteur/récepteur, même moyen de gamme, pourrait ne pas retransmettre parfaitement toutes les fréquences. Il souffrirait également de plus de coupures du signal. Les systèmes professionnels assurant une bien meilleure stabilité dans la transmission HF.

Mixer des retours de scène

Les consoles son d’aujourd’hui permettent toutes de mixer ce qu’on appelle des “Aux”. Il s’agit d’envois auxiliaires de la console. C’est-à-dire qu’il diffère du “Main” qui est la sortie principale, généralement réserver à la façade. C’est de ces “Aux” dont on va se servir pour distribuer différents mix à nos retours. Chaque console dispose d’un nombre de sorties défini, il faudra toujours qu’elle soit en adéquation avec le nombre de retours nécessaires au plateau.

Dans chacun des Aux, on pourra donc établir un mix différent, avec ses niveaux et paramètres spécifiques. Celui-ci est à établir directement avec les artistes. Le plus confortable est lorsque la console dispose d’un système de “remote”, permettant de la contrôler à distance à l’aide d’une application sur tablette ou téléphone. On peut ainsi se tenir aux côtés de l’artiste et modifier directement le mix fourni en fonction de ses besoins.

Outre les demandes de l’artiste, il y a deux choses que le régisseur son doit toujours gardé en tête lorsqu’il mix des retours. Premièrement, c’est la première source de larsen sur un plateau. Monté excessivement, le niveau entraînera fatalement une accroche à un moment donné. Il faut également toujours surveiller le niveau sonore global sur le plateau. Monté le volume d’un retour pourra finir par gêner les autres artistes. Ils demanderont ensuite que le leur soient monté à leurs tours… et vous vous retrouverez alors très vite à un niveau sonore excessif. Cela pourrait entraîner des dommages à l’audition des artistes et vous augmenter aussi les chances de Larsen.

Le régisseur de retours

Sur de nombreuses scènes aujourd’hui, on distingue une régie de façade (FOH) et une régie de retours. C’est la régie de retour qui s’occupe des mix pour les musiciens, pendant que la régie de façade s’occupe de la diffusion principale. Le rôle de régisseur de retour est aussi un poste qui implique une proximité avec les artistes. La régie de retour se trouve toujours sur un des côtés du plateau (plus souvent à cour) pour être au plus proche d’eux. Cela leur permet de faire des demandes facilement, même en plein show. 

Conclusion

Les systèmes de retours de scène sont aujourd’hui quelque chose de maîtriser. Mais malgré tout, des innovations continue d’apparaître pour faciliter le travail des régisseurs et le confort des artistes. Que ce soit par des design innovant, l’apparition de modèle d’enceinte plus compact ou encore par des systèmes d’accroche facilité, des nouveautés font encore leurs apparitions chaque année.

L’installation de retours de scène est aujourd’hui une norme dès que du son est nécessaire sur un spectacle. Et n’importe quel régisseur son doit être en mesure de proposer la meilleure installation en fonctions des besoins. Lors du mix, il faut cependant rester à l’écoute des demandes de l’artiste. Car c’est lui l’utilisateur final. Et contrairement à la façade, on ne pourra pas écouter le rendu du mix sur le plateau et facilement le corrigé lors du spectacle.

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Bonjour, je suis Thomas Oberson-Ricot, régisseur son et lumière depuis 2017. Je suis un passionné du monde du spectacle vivant et je m’intéresse à toutes les techniques et technologies mises en place sur scène. Et ce savoir, je souhaite également le transmettre. Mon blog est là pour permettre à tous ceux désirant se lancer dans cet univers d’acquérir les bases nécessaires à ces métiers de l’ombre. tu y découvriras aussi des sujets concernant la vie autour de ces métiers. Qui, pour moi, sont avant tout profondément humains ! Bonne visite à toi !

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